L’évolution de la rue Masson : du chemin de campagne à l’artère principale du Vieux-Rosemont
Depuis plus d’un siècle, la rue Masson s’est progressivement imposée comme l’artère principale du Vieux-Rosemont. Aujourd’hui, elle représente bien plus qu’une simple voie commerciale : elle constitue le cœur du secteur, un véritable pôle d’attraction commercial, culturel et communautaire, ainsi qu’un lieu privilégié de rassemblement et de loisirs.

Des origines modestes aux débuts de l’urbanisation
En 1870, lors de la fondation du village de la Côte-de-la-Visitation, les principales habitations se trouvaient de part et d’autre de cette route qui prit successivement les noms de Côte-de-la-Visitation, Petite-Côte et finalement boulevard Rosemont. Les propriétaires terriens étaient principalement des agriculteurs. On y notait une présence significative d’Écossais protestants et d’Irlandais qui cohabitaient avec les Canadiens français. Les premières institutions établies le long de ce chemin furent d’ailleurs protestantes : la Trinity Church, l’école Nesbitt, et même l’hôtel de ville s’y trouvait.

La révolution industrielle et la transformation du quartier
Au tournant du 20e siècle, Montréal connaît une période de grande transformation avec la révolution industrielle battant son plein. Les citadins, de plus en plus nombreux, étouffent dans les limites de la ville. Les promoteurs et propriétaires des terrains voisins de la ville y voient une opportunité d’affaires et s’empressent d’acheter des terrains pour les lotir. Cette situation n’est pas sans conséquences pour le village de la Côte-de-la-Visitation. Des divergences apparaissent quant à la vocation du village, ce qui conduit à sa scission en 1895. Deux nouveaux villages sont créés : le village De Lorimier, plus urbain, et le village de la Petite-Côte, à vocation plus agricole.
L’avènement de la rue Masson
L’établissement des usines Angus en 1904, au sud du village, sera un facteur déterminant de son urbanisation. Les promoteurs immobiliers Holt et Dandurand de la Rosemount Land & Improvement Co profitent de l’achat de la grande terre Crawford pour lotir et mettre en vente plus de deux mille trois cents terrains. Ces nouveaux lotissements nécessitent des infrastructures : routes, aqueduc, égouts, etc. Le village de la Petite-Côte refuse cependant de financer ces travaux.
Les nouveaux propriétaires obtiennent alors que le village soit régi par la nouvelle Loi des cités et villes (1903), ce qui permet d’augmenter les pouvoirs de la municipalité. C’est ainsi que naît le village de Rosemont. L’objectif est de favoriser l’annexion à la ville de Montréal pour que celle-ci prenne en charge les infrastructures. Cette annexion se réalise progressivement : d’abord en 1906 pour la section de la terre de Crawford, puis en 1908 pour la section autour du Parc Molson, et enfin en 1910 pour le reste du village de la Petite-Côte. Le quartier Rosemont est né.
La rue Masson voit ainsi le jour en 1904, bien que son accès soit alors limité à l’ouest par la voie ferrée du Canadien Pacifique. Le Plan d’assurance incendie de la Ville de Montréal de 1911 ne montre que quelques bâtiments sur cette rue, dont la première église-école Sainte-Philomène sur la 5e Avenue.

Un héritage vivant
Aujourd’hui, la rue Masson continue d’évoluer tout en préservant son riche patrimoine. À travers les processions religieuses d’autrefois, les parades, les manifestations et les festivals qui s’y sont déroulés, elle raconte l’histoire d’une communauté en constante évolution.
Tiré d’un article paru dans ce bulletin de la Société d’histoire Rosemont-Petite-Patrie
Sources et photos : Christiane Gouin, Société d’histoire Rosemont-Petite-Patrie