PROJET ÉGLISE SAINTE-BIBIANE : OUI à la solidarité, NON à l’anxiété

PROJET ÉGLISE SAINTE-BIBIANE : OUI à la solidarité, NON à l’anxiété

 

CONTEXTE

Début février 2024, l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie (ARPP) informe la Société de Développement Commercial (SDC) Promenade Masson, de l’acquisition en cours, par la Ville de Montréal, de l’église Sainte-Bibiane (au coin de la rue Dandurand et du Boulevard Saint-Michel). Cette acquisition vise à l’implantation d’un hébergement pour une trentaine des personnes en situation d’itinérance.

Selon l’ARPP, une promesse d’achat a été signée par la Ville de Montréal, en décembre 2023, l’analyse du bâtiment et les vérifications diligentes sont en cours et devraient se terminer au cours de l’été 2024. Il y aura signature de l’acte de vente et acquisition du bâtiment s’il répond aux conditions émises dans la promesse d’achat.

L’ARPP considère que certaines conditions doivent être remplies pour la réalisation de ce projet, notamment :

  • Le centre devra être ouvert 24 heures par jour, sept jours par semaine afin d’offrir un service intérieur ininterrompu de jour comme de soir, avec présence d’intervenant(e)s sur place pour offrir un soutien aux bénéficiaires;

CONSTAT

La SDC appuie la solidarité sociale, tout être humain a le droit au respect, quels que soient son origine, son âge, son sexe, son mode de vie et ses valeurs.

La souffrance des personnes vulnérables ou des personnes en situation d’itinérance est l’affaire de tous.  L’hébergement est une des réponses à l’intégration sociale et nous devons tous y adhérer.

Toutefois, nous ne devons pas ignorer que des projets similaires à Montréal ont engendré des enjeux d’incivilité et d’insécurité importants dans les quartiers concernés.

Nous devons tous veiller à une mise en œuvre exemplaire du projet de l’Église Sainte-Bibiane pour espérer recueillir de bonnes inclusions et cohabitations sociales.

RÉALITÉ

L’itinérance interpelle des enjeux de cohésion sociale, que nous devons mieux comprendre pour augmenter notre tolérance et réduire nos préjugés, il est nécessaire de mieux outiller les citoyens et commerçants, mais aussi mieux accompagner cette population vulnérable.

Il est avéré aujourd’hui, et rapporté souvent dans la presse, que tout centre d’accueil ou refuge à destination de la population itinérante a un impact négatif dans son environnement avec plusieurs incidents régulièrement rapportés.

C’est une réalité qui ne peut être occultée, ces comportements nuisent à la sécurité, au bon voisinage et à la paix sociale, des mesures importantes d’accompagnement, qu’elles soient sociales, médicales ou même policières doivent être mises en place en amont pour les contenir.

À ce jour, les pouvoirs publics n’arrivent pas à gérer et à contenir correctement ce type de problématiques dans d’autres secteurs de la ville. Dans ce cas, il est légitime de se poser la question suivante :

En quoi les conséquences de ce projet dans le Vieux-Rosemont seraient différentes d’ailleurs? La promenade Masson s’apprête vraisemblablement à vivre les mêmes enjeux, si aucuns plans de soutien et d’accompagnement ne sont déterminés en amont du projet.

PROBLÉMATIQUE

Les actions des centres d’accueil et des refuges s’arrêtent souvent à leur porte, au-delà c’est le «no man’s land » qui règne en maître, où différents comités, rencontres, coordinations, essayent de limiter les désagréments avec des résultats mitigés sur le terrain.

Dans le cas de l’église Sainte-Bibiane, la SDC Promenade Masson pense que l’hébergement à lui seul n’est pas la solution, il est insuffisant, il devrait être jumelé avec des mesures d’accompagnement efficaces, opérationnelles et continues 24H/7J dans et à l’extérieur du bâtiment.

BESOINS

L’ARPP a prévu d’aller à la rencontre de la communauté des personnes qui sont directement concernées, à savoir, la population riveraine, les organismes communautaires, les institutions, et les commerces du quartier, dans une logique de concertation. Ceci est très bien, mais reste insuffisant étant donné que la grande majorité des interlocuteurs cités n’a pas été confrontée directement à ce type d’enjeux, la maîtrise des tenants, aboutissants et propositions pourraient être limités.

La Ville de Montréal devant un projet à enjeux demeure souvent dans un processus de concertation limité à savoir consulter les personnes touchées par le projet, pourtant la consultation d’acteurs ayant été déjà touchés par ces enjeux dans des projets similaires dans d’autres secteurs de la ville, pourrait apporter aux réflexions des propositions et mesures d’Atténuations insoupçonnées et certainement très bénéfiques à toutes les parties.

La SDC pense qu’au-delà de la communauté du Vieux-Rosemont, la Ville de Montréal devrait établir un diagnostic avec les acteurs et intervenants déjà opérationnels dans d’autres secteurs de la ville, identifier clairement ce qui ne fonctionnerait pas, mettre ensuite des mesures d’atténuations, qui rendront l’intégration du projet Sainte-Bibiane exemplaire dans le Vieux-Rosemont.

 

ATTENTES DE LA SDC 

  • Études préalables

En termes de planification, une étude préalable a-t-elle été réalisée par la Ville de Montréal, démontrant la nécessité de créer un centre d’hébergement pour personnes itinérantes du quartier Rosemont? Quelle capacité d’accueil est visée à moyen long termes dans le quartier? Quels secteurs de Rosemont sont concernées ?

  • Mesures d’atténuation

Un diagnostic doit être réalisé par la Ville de Montréal pour identifier les dysfonctionnements dans les autres quartiers de la ville touchés par les mêmes problématiques, proposer des correctifs et des mesures d’atténuations avant la mise en œuvre du projet.

  • Protocole d’intervention

La Ville de Montréal devra s’engager à identifier en amont, avant la signature de l’acte définitif, un protocole clair qui précise le rôle de chaque intervenant 24H/7J à l’intérieur et à l’extérieur du futur établissement.

  • Politique du logement social d’intégration

Plusieurs des personnes itinérantes gagneront en dignité et en insertion socio-professionnelle en ayant leur propre logement, avec un bon accompagnement, l’ascenseur social pourrait leur être très favorable.

Ailleurs, en Europe, il existe un type de logement spécifique pour cette population, il s’agit des logements PLAI, financés par le Prêt Locatif Aidé d’Intégration.

Les PLA-I sont destinés aux ménages cumulant difficultés économiques et difficultés sociales et qui, de ce fait, se trouvent souvent exclus des filières classiques d’attribution de logement. Il s’agit de leur offrir une solution de logement pérenne, adaptée à leurs difficultés, avec si nécessaire un accompagnement social, de manière à favoriser leur intégration.

Bien que ce sujet dépasse les compétences de la municipalité, cette dernière reste un des éléments moteur et même initiateur.

Quel est le plan d’action de la Ville de Montréal pour l’insertion dans la société de la population en situation d’itinérance autre que par des refuges disséminés un peu partout dans la ville ?

POSITION DE LA SDC PROMENADE MASSON

La SDC Promenade Masson souhaite de meilleurs soins et accompagnements des personnes en situation d’itinérance, nous devons leur faire une place dans la communauté, l’inclusion sociale est un facteur déterminant dans notre société. C’est pourquoi, concernant le projet de la Ville de Montréal à l’église Sainte-Bibiane :

La SDC Promenade Masson est favorable à tout projet sociocommunautaire qui s’intègre dans la quiétude de l’artère et du quartier.

Toutefois, la SDC s’opposera à tout projet qui pourrait engendrer des enjeux d’incivilité ou d’insécurité.  La Ville de Montréal devra démontrer formellement sa capacité à prévenir et à gérer ces enjeux en tout temps (24H/24-7J/7) avant toute acceptation du projet par la SDC.